Th. Hebbelynck

L'entrée à Bucarest est une déception pour l'étranger. De la gare au centre de la ville, on traverse des rues dignes des villages les plus primitifs, des rues bordées de masures en ruine et de boutiques infectes, où les trottoirs disparaissent sous des monceaux de fruits et de légumes. Mais l'impression se modifie bientôt. À ces faubourgs malpropres succèdent de superbes artères, où des édifices luxueux rappellent ceux des plus grandes villes d'Europe.

À 65 kilomètres de Targu Jiul se trouve le monastère d'Horezu, tout près de la petite ville du même nom. Comme la route est assez fatigante, on a attelé à notre petite voiture habituelle, quatre chevaux, tous de front. Nous suivons une direction tout opposée à celle de Tismana; mais, comme hier, nous côtoyons le haut massif des Carpathes, et nous coupons transversalement une infinité de vallées qui descendent de la grande chaîne principale pour aller se perdre dans la puzsta Roumaine.

Ces messieurs sont ingénieurs?—Pardon, Madame.—Inspecteurs des forêts?—Pas davantage: nous sommes de simples voyageurs.—Des voyageurs? Ici, en Roumanie, et sans que cela puisse rien vous rapporter?—Rien que la satisfaction d'observer des mœurs intéressantes, d'admirer un beau pays, d'en emporter d'agréables souvenirs.

par Th. Hebbelynck

Le Tour du Monde (Journal des Voyages et des Voyageurs), Paris, 1905

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